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Depuis une dizaine d’années, le suffixe “-cide” s’impose dans les discours féministes, écologistes ou décoloniaux pour désigner des violences systémiques longtemps euphémisées, minimisées, ou tues. La sémantique peut-elle alors devenir un levier de justice ? Ou assiste-t-on à une inflation symbolique de mots en “-cide” déconnectée des réalités ?

Greta Thunberg n’a pas « changé », elle applique sa logique militante et écologique jusqu’au bout.  Il y a une semaine, elle et 11 autres personnalités ont embarqué sur le Madleen. Un petit voilier qui navigue pour la coalition Freedom Flotilla. L’objectif était de rompre le blocage de Gaza par Israël, d’apporter de l’aide humanitaire mais surtout de visibiliser le génocide en cours. Son soutien à la Palestine n’est pas un fait isolé, mais la suite logique d’un combat contre un système qui détruit les population set la nature. “If you as a climate activiste don’t also fight for a free Palestine and the end to clonialism then you should not be able call yoursef a climate activist.” lançait -elle. Si elle a souvent été exposée aux critiques médiatiques, son image n’a pas toujours été aussi clivante qu’elle est aujourd’hui.  Son engagement pour la Palestine, cristallise les tensions qui mettent en lumière un malaise et les contradictions qui traversent les luttes écologistes. Là où les priorités politiques peinent encore à s’aligner face à l'urgence. 

Le weekend du 24 et 25 mai, des centaines de militant.es ont répondu à l’appel des Soulèvements de la terre et du collectif Lever les voiles et se sont retrouvé.es en Bretagne pour lutter contre l'empire Bolloré. Cette mobilisation, dénommée “campagne Bolloré”, dénonçait la mainmise du milliardaire Vincent Bolloré sur les médias et son influence politique réactionnaire.

La lutte écologiste, si elle est écartée de toutes considérations politiques et intersectionnelles, devient un espace de reproduction des inégalités et discriminations, qu’elle fait alors peser sur les personnes concernées. C’est le cas par exemple du validisme, la discrimination que subissent les personnes porteuses de handicap. Non seulement l’écologie est souvent aveugle à cette problématique, mais elle perpétue voire amplifie parfois le phénomène. Les courants écologistes anti-technologiques sont parfois accusés d’être fermés à la réalité médicale de beaucoup. Au Royaume-Uni, des personnes porteuses de handicap se sont saisies du problème et de plus en plus de ressources et de questionnements fleurissent dans les milieux écolos. En France, la réflexion en est encore à ses balbutiements, et ne parvient pas encore à chambouler les pratiques.

Le logement et l’habitat sont des sujets centraux dans nos vies et dans notre société, et particulièrement sujet à la maltraitance capitaliste. Si les considérations écologiques peuvent mener à des politiques ambitieuses de rénovation à caractère social, leur cadre de réflexion est souvent partiel. En effet, la question du logement est souvent abordée de façon individuelle et peu politisée dans la société, ce qui cache un racisme profond et pluriel qui fait perdurer des discriminations au logement et une ségrégation spatiale sur critère ethnique. L’occupation récente de la Gaîté lyrique par les jeunes de Belleville, et leur expulsion brutale, permettent de remettre cette question du logement au sein des questions politiques et militantes.

Le concept de pureté militante fait débat. Le plus souvent il renvoie à une injonction à maintenir une ligne de conduite irréprochable au sein de groupes militants, souvent basée sur des normes de langage et de comportement. Un concept flou derrière lequel on retrouve de nombreux mécanismes sociaux comme des dynamiques de domination, d’exclusion ou encore d’individualisation des luttes. En parallèle, la pureté militante est aussi instrumentalisée. Elle est effectivement utilisée comme défense par les personnes accusées de comportements ou d’actions oppressives en affirmant que les critiques reçues s’assimilent à de la pureté militante. Ce qui induit notamment une certaine silenciation de la critique politique. Le manque de définition claire autour de ce terme empêche de nommer précisément les problématiques et de s’en saisir concrètement. Ce flou laisse place aussi à des abus d’utilisation voire de l’instrumentalisation.