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Le 21 juillet dernier, le fondateur de Sea Sheperd Paul Watson est arrêté et incarcéré au Groenland dans le cadre de son combat contre à la chasse à la baleine et la protection de la faune marine. Cette arrestation fait suite à plus de 10 ans de mandat d’arrêt déposé par le Japon auprès d’Interpol. Depuis, « pirate écolo », « défenseur des baleines », « héros des mers », et autres hyperboles pour décrire Watson inondent les médias mainstream et les plateformes sociales, tous.tes réuni.es derrière le slogan en apparence universel de #FreePaulWatson. Toutefois, en y regardant de plus près, Watson ne paraît pas si facilement défendable. De ses liens avérés avec les sphères d’extrême-droite, en passant par son malthusianisme assumé et le véritable culte de la personnalité qui lui est voué, la figure de Paul Watson devrait être plus clivante, notamment pour permettre aux actions militantes radicales de retrouver la place qu’elles méritent sur la scène médiatique.

Le 21 septembre à Marseille, le collectif Stop Croisières a mené une action contre les bateaux de croisière, ces géants des mers pour riches. Le mode d’action, déjà éprouvé il y a deux ans, avait marqué les esprits : kayaks contre paquebots. David contre Goliath. Cette fois pourtant, l’action n’a pas connu le même engouement médiatique. On peut lire ce constat à travers un prisme plus vaste : afficher notre vulnérabilité face à la machine capitaliste, infernale et destructrice n’est plus suffisant. Les mouvements de résistance et de contestation sont donc contraints de revoir leur positionnement, leur stratégie et les récits sur lesquels ils s’appuient.

Le projet et le chantier de l’A69 Castres-Toulouse réunissent tous les ingrédients de la colère écologique qui gronde : mise en danger des opposant.es et violences à leur encontre, destruction du vivant, complicité avec les intérêts privés, rejet des multiples alertes. Cet entêtement capitaliste dévastateur témoigne du désintérêt de la puissance publique de la gestion des crises écologiques et la préservation des communs.

Le NIMBY, acronyme de “Not IN My Backyard” signifie littéralement “pas dans mon jardin”. Il est utilisé aux USA et France depuis les années 1980 pour disqualifier des oppositions locales. Cela enferme les opposant.es dans le rôle d’égoïstes refusant de voir leur cadre de vie détérioré pour le bien commun. Pour se défaire de ces accusations, les luttes se réinventent. Les plaidoyers contre des projets dénoncent tout un système, et le slogan “ni ici, ni ailleurs” fleurit partout. Aujourd’hui, on ne lutte plus seulement pour son territoire mais contre un modèle de société dans son ensemble.

Les ZAD de l’A69 sont des lieux d’expérimentation de nouveaux modes d’organisation. Elles sont aussi un puissant moyen d’ancrer la lutte sur place et de montrer ce que l’on peut faire des terre menacées par le projet d’autoroute. La ZAD, c’est occuper le territoire pour le réinventer et le protéger de la destruction. C’est donc un mode de contestation de plus en plus plébiscité, voire idéalisé par une partie des sphères militantes. Le succès de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes n’y est pas étranger. Les défenseur.euses de cette forme d’action et d’organisation cherchent à la répandre massivement. Mais iels se méfient des canaux de communication classique pour se faire, et les médias mainstream le leur rendent bien.

Le Rassemblement National étant aux portes du gouvernement, la France semble se réveiller face à la montée du nationalisme et du fascisme. Pourtant, la lutte n’a pas commencé le 9 juin et surtout ne se terminera pas le 7 juillet. Convertir cet élan vers les urnes en un bouillonnement militant et politique est un enjeu essentiel des gauches dans leur quête d’une société nouvelle.