Clément Lopez

La conférence de Paul Watson à la Fête de l'Huma a, sans surprise, été perturbée par des militant.es. "Tout le monde déteste Paul Watson" ou encore "Siamo tutti antifascisti" ont été scandés malgré l'intervention virulente de la sécurité. En face de nombreuses personnes semblaient ne pas savoir pourquoi des militant.es se mobilisaient et ne pas avoir eu vent des polémiques qui entourent Paul Watson.

Le monde du travail se fait bousculer par les questions écologiques, comme en témoignent les nombreuses trajectoires « déviantes » de bifurqueur.euses ou déserteur.euses. Ces surdiplômé.es en quête de sens qui quittent leurs postes prestigieux et leurs salaires élevés bénéficient d’attention et de crédit au sein de certaines sphères. Ce phénomène reflète-t-il une société en mutation qui tente de s’extraire du capitalisme ? Ou bien sommes-nous en train d’assister à un tour de force du système, capable de rebondir sur les critiques qui lui sont faites ?

Greta Thunberg n’a pas « changé », elle applique sa logique militante et écologique jusqu’au bout.  Il y a une semaine, elle et 11 autres personnalités ont embarqué sur le Madleen. Un petit voilier qui navigue pour la coalition Freedom Flotilla. L’objectif était de rompre le blocage de Gaza par Israël, d’apporter de l’aide humanitaire mais surtout de visibiliser le génocide en cours. Son soutien à la Palestine n’est pas un fait isolé, mais la suite logique d’un combat contre un système qui détruit les population set la nature. “If you as a climate activiste don’t also fight for a free Palestine and the end to clonialism then you should not be able call yoursef a climate activist.” lançait -elle. Si elle a souvent été exposée aux critiques médiatiques, son image n’a pas toujours été aussi clivante qu’elle est aujourd’hui.  Son engagement pour la Palestine, cristallise les tensions qui mettent en lumière un malaise et les contradictions qui traversent les luttes écologistes. Là où les priorités politiques peinent encore à s’aligner face à l'urgence. 

Le concept de pureté militante fait débat. Le plus souvent il renvoie à une injonction à maintenir une ligne de conduite irréprochable au sein de groupes militants, souvent basée sur des normes de langage et de comportement. Un concept flou derrière lequel on retrouve de nombreux mécanismes sociaux comme des dynamiques de domination, d’exclusion ou encore d’individualisation des luttes. En parallèle, la pureté militante est aussi instrumentalisée. Elle est effectivement utilisée comme défense par les personnes accusées de comportements ou d’actions oppressives en affirmant que les critiques reçues s’assimilent à de la pureté militante. Ce qui induit notamment une certaine silenciation de la critique politique. Le manque de définition claire autour de ce terme empêche de nommer précisément les problématiques et de s’en saisir concrètement. Ce flou laisse place aussi à des abus d’utilisation voire de l’instrumentalisation.

La stratégie du flanc radical repose sur l'idée que les actions et revendications d’un groupe militant radical servent à rendre celles des groupes modérés plus acceptables et entendables. Andreas Malm résume ainsi cet effet dans son livre “Comment saboter un pipeline” : « les premiers portent la crise jusqu’à un point de rupture tandis que les seconds y proposent une issue ». Pourtant, les oppositions à ce flanc radical sont nombreuses, au sein même des sphères progressistes et écologistes, alors que la droite et l’extrême en usent et en abusent.