Compte tenu de l’urgence planétaire, l’approche écologique politique et radicale apparaît comme une évidence. Cependant, cette radicalité peut difficilement cohabiter avec le consensus. Ce qui peut rendre l’opinion publique hostile et créer des dissensions au sein de la lutte. La lutte pour le climat se doit donc d’être et de rester un espace évolutif, où l’erreur est un droit mais l’intelligence un devoir.
"Par définition, une action militante a pour but la perturbation du cadre social, pour y projeter des revendications."
Blocage sur plusieurs jours d’une porte parisienne par des millitant.es du mouvement Extinction Rebellion, Paris, avril 2022
Photo : Clement Lopez | @clementlopez.jpeg
Le passage difficile des revendications aux actions
Certaines actions militantes font débat, même parmi celles et ceux qui revendiquent une approche radicale de l’écologie. Sans remettre en question les revendications des collectifs, certain.es n’adhèrent pas aux moyens d’action. Comme le ciblage récurrent d’œuvres d’art par le collectif Just Stop Oil.
Par définition, une action militante a pour but la perturbation du cadre social, pour y projeter des revendications. Le soutien de l’opinion publique à une action est un atout indéniable, permettant de crédibiliser le propos et de donner plus de poids aux revendications. Cependant, cette quête de soutien semble parfois vaine car peu compatible avec le principe même de l’action.
Sabotage de l’entreprise Béton Lyonnais, Lyon, mars 2023
Photo : Sarah Leveaux | @sarah_lvox
Action de Dernière Rénovation à la préfecture de Lyon, Lyon, mars 2023
Photo : Sarah Leveaux | @sarah_lvox
Des courants militants distincts ?
Ce constat permet de mettre l’accent sur la difficulté du passage entre les revendications – concepts cérébraux et/ou moraux – aux actions concrètes – projection dans l’espace public ou privé pour alerter ou dénoncer des pratiques. Au moins 2 « courants » au sein du militantisme de protestation pourraient donc se dégager : un courant qui place le soutien de l’opinion publique avant l’action, et un autre qui place l’action avant le soutien de l’opinion publique.
Selon certain.es, la mécompréhension d’une action par l’opinion publique peut décrédibiliser les revendications d’un collectif, et donc faire “pire que mieux”. Le traitement médiatique devrait donc être anticipé et l’action réfléchie en conséquence. Dans ce cas, la diffusion massive de valeurs écolos et progressistes au sein de la société pourrait être une finalité.
"Actuellement, la tendance est à la radicalité dans l'action et à la diversité des tactiques [..]"
La radicalité nécessaire d’une approche terrain
Cette question de compromis entre la portée d’une action et son « efficacité » peut faire tomber dans une démarche de pureté militante, visant à rechercher des moyens d’action parfaits, mais hypothétiques. Le militantisme n’est pas figé et chaque action s’inscrit dans un contexte qui lui est propre : aucune approche n’est par essence meilleure qu’une autre. Il est donc nécessaire que des visions se confrontent au sein des luttes pour s’enrichir mutuellement.
Actuellement, la tendance est à la radicalité dans l’action et à la diversité des tactiques, pour répondre à la fois à l’urgence d’agir et au souhait de parler à tout le monde. Dans tous les cas, il faut que la lutte pour le climat reste un espace de test et d’invention.
Action contre l’entreprise ARKEMA contre la pollution au PFAS par le mouvement Extinction Rebellion, Lyon, décembre 2022
Photo : Aurèle Castellane | @broth_earh
Installation de la Crem’ZAD sur le tracé de l’autoroute A69 Toulouse-Castre, Saix, octobre 2023
Photo : Pierre Fimbel | @pyr_fbl
Nos sources
Article écrit sur les expériences de terrains