Le mouvement écologiste est un mouvement divisé, au sein duquel il est difficile de différencier les allié.es des opposant.es. Dans leur ouvrage « Mémo sur la nouvelle classe écologique », Bruno Latour et Nikolaj Schultz présentent le concept de « classe écologique », pour une écologie fédératrice s’inspirant de l’histoire sociale. Nous vous proposons une courte présentation de ce concept, et un avis sur sa portée.
L’écologie, un sujet qui divise
Il existe de nombreux groupes écologistes aux conceptions et intérêts différents. Par exemple : les pro mobilité électrique vs les anti exploitation minière ; les technosolutionnistes vs les « décroissant.es » ; etc. Des dissensions voire des conflits peuvent exister entre des groupes voulant pourtant protéger l’environnement.
Dans ce fourmillement écologiste, il est parfois difficile d’identifier celles et ceux avec qui on partage des intérêts communs. Selon B. Latour et N. Schultz, il faut accepter que l’écologie implique la division. En effet, c’est un sujet global qui demande des réflexions profondes, sur lesquelles il est difficile d’être tous et toutes en accord.
Crédit photo : Sarah Leveaux | @sarah.lvox
Le concept de « classe écologique »
Les auteurs constatent que le mouvement écologiste manque vivement d’un objectif commun et partagé pour l’action collective. Il semble qu’aujourd’hui aucune « pensée du tout » écologique n’existe en étant fédératrice et effective. Sur ce point, elle se différencie des mouvements sociaux passés, façonnés par l’idéologie marxiste.
B. Latour et N. Schultz ont travaillé sur le concept de « classe écologique », ou comment le mouvement écologiste pourrait s’inspirer de l’histoire sociale. La constitution d’une telle classe, capable de dépasser ses divisions internes, permettrait de fédérer les écologistes vers un objectif commun : l’habitabilité de la terre pour le vivant.
L’objectif final de cette classe serait de faire sortir la société, et les corps qui la composent, des logiques de production et de croissance au profit de l’habitabilité de la terre. La constitution d’une telle classe, avec tout l’équipement institutionnel, organisationnel et moral associé, serait un vrai achèvement.
Crédit photo : Aurèle Castellane | @broth_earth
Le concept de classe écologique face à la réalité
Les dernières années montrent qu’en matière d’écologie, compréhension ne rime pas nécessairement avec mobilisation, auquel cas un « front écologiste » massif se serait édifié. Compte tenu de l’urgence écologique et sociale, beaucoup de mouvements ont jugé préférable de miser sur une base militante radicale et déterminée plutôt que sur la constitution d’une classe écologique.
Les revendications écologistes actuelles et sociales passées sont bien différentes. La critique sociétale écologiste doit compléter l’approche « travail et production » par des réflexions sur les rapports de domination sous toutes leurs formes. La reprise d’une nomenclature et d’outils de luttes passées ne s’impose donc pas comme une évidence dans le contexte de lutte actuel.
Crédit photo : Sarah Leveaux | @sarah.lvox
Sources :
- « Mémo sur la nouvelle classe écologique » – Bruno Latour et Nikolaj Schultz