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Le colibri, allié de la Macronie

Le colibri, allié de la Macronie

Simon Brisard

Photo : Bourriquet

Un problème systémique qui se cache derrière des actions individuelles.
La transition est désormais présente dans les réflexions de tous les acteur.rices de la société, dont les visions se confrontent parfois. La responsabilisation de l’individu et l’écologie « du colibri », prônée par P. Rabhi, sont présentes dans certaines de ces visions.
Mais cette approche peut tronquer l’aspect systémique de la problématique de transition et peut être utilisée par certain.es acteur.rices pour se détourner de leur faculté d’action.

Quand les visions se confrontent
Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, illustrait la confrontation de ces visions de transition lors d’un discours en 2020.
Elle y opposait le « réalisme » de la stratégie gouvernementale aux « choix faciles et discours, à première vue rassurants » prônés par un « populisme vert ».

L’exécutif à la ramasse
La mise en œuvre de politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique est indéniablement complexe.
Mais, la condamnation de l’État en 2021 pour inaction climatique atteste que
les politiques en vigueur ne sont pas à la hauteur.
Certain.es responsables politiques préfèrent donc responsabiliser autrui plutôt que de remettre en question leurs solutions.

Crédit photo : @clementlopez.jpg

Les révélations de la crise énergétique
Le plan, non contraignant, de sobriété énergétique du gouvernement incarne ce réflexe de l’action individuelle.

  • « Chacun de chez soi peut faire un geste pour la planète […] et pour notre souveraineté politique et énergétique » – A. Pannier-Runacher 
  • La « stratégie du col roulé » sur laquelle certains ministres et députés ont fortement insisté.

L’Etat, seul reponsable?
L’approche individuelle n’est pas uniquement véhiculée par les responsables politiques.
Le concept d’empreinte carbone individuelle, a notamment été démocratisé par le groupe pétrolier British Petroleum. Et la communication des entreprises pétrolières a drastiquement évolué depuis les années 2000 afin de rediriger la responsabilité sur les individus.

Une vision omniprésente
Une partie de la population défend aussi une écologie individualisée et cloisonnée. C’est notamment le cas de celleux qui considèrent comme une finalité, la vision d’écologie non politique de P. Rabhi, qui invite chacun.e à « faire sa part ».
Cette approche peut ressembler à la recherche d’une bonne conscience, derrière laquelle il est possible d’oublier l’aspect systémique du problème.

Crédit photo : @clementlopez.jpg

Alors il ne faut rien faire?
Chaque dixième de degré compte et les actions individuelles sont indispensables, pouvant mener aussi à un changement structurel. Mais la superposition d’actions individuelles ne sera pas suffisante.
Il est nécessaire de prendre possession de tous les moyens que nous avons pour agir, en tant que consommateur.rice, salarié.e, patron.ne, élu.e, etc.

Constituer un contre-pouvoir
Il est donc crucial de recentrer le débat sur le quatuor : État, médias, entreprises, citoyen.nes et de prendre conscience de leurs responsabilités, pouvoirs et facultés d’action respectifs.
Face à des acteur.rices dont les discours ont une puissance et une portée établies, il est nécessaire de faire le poids.
Mais pour cela, suffit-il de « faire sa part » ou faut-il faire le nécessaire ?

Sources :

  • Discours de Brune Poirson (secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire) le 21/1/2020 à l’Assemblée Nationale : https://www.vie-publique.fr/discours/273270-brune-poirson-21012020-projet-de-loi-antigaspillage-economie-circulaire

  • Condamnation de l’Etat pour inaction climatique en octobre 2021 : https://notreaffaireatous.org/actions/laffaire-du-siecle/

  • Présentation du plan de sobriété énergétique par Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique) : https://twitter.com/i/status/1548021640558129154

  • Stratégie de communication des entreprises pétrolières depuis les années 2000 : Supran, G. (2021, 21 mai). Rhetoric and frame analysis of ExxonMobil’s climate change communications. One Earth. https://www.cell.com/one-earth/fulltext/S2590-3322(21)00233-5